Créateur de mode Femme de légende

Coco Chanel

Coco Chanel, un nom, un mythe, une légende de la mode. Cheveux courts, brune au regard de braise, élancée, en tailleur, l’image de Coco est gravée au cœur de la mode et des mémoires. Elle inventa un nouveau style, une élégance simple et masculine dans la lignée de l’émancipation de la femme. Mais avant tout, Coco était une femme de caractère, qui a su se battre et s’imposer aux autres. Coco reste cette femme qui a « rendu au corps des femmes sa liberté ; ce corps suait dans des habits de parade, sous les dentelles, les corsets, les dessous, le rembourrage. » Elle est le symbole même de l’évolution de la condition féminine que ce soit par son tempérament ou ses créations. Coco, l’icône de la mode restera à jamais la mode elle-même comme elle le confessait sans complaisance « Je ne fais pas la mode, je suis la mode. »

© Boris Lipnitzki / Roger-Viollet

« Coco avant Chanel »

Gabrielle Bonheur Chanel est la fille d’Albert Chanel et de Jeanne Devol. Elle accomplit des premiers pas difficiles dans la vie : de naissance pauvre, une mère couturière et un père travaillant sur les marchés, elle n’aura de cesse de cacher ses origines humbles. Elle se retrouve seule à l’âge de 12 ans, elle perd sa mère, et son père l’abandonne pour aller faire fortune aux Etats-Unis. Elle grandit dans un orphelinat en Corrèze. Elle sera rapidement séparée de ses deux frères et deux soeurs. À l’âge de dix-huit ans, Gabrielle fut confiée aux dames chanoinesses de Moulins, qui lui apprirent le métier de couseuse. En 1903, habile en couture, elle fut placée dans une maison spécialisée en trousseaux et layettes.

Âgée de vingt-quatre ans, et refusant son avenir tout tracé de « cousette », elle se met à rêver de music-hall. Elle se produisit en spectacle devant les officiers qui la surnommèrent « Coco », parce qu’elle chantait Qui qu’a vu Coco sur le Trocadéro ? Ce surnom ne la quittera plus.

Admirée par les jeunes hommes qui viennent l’écouter, elle fait la connaissance du riche gentleman Etienne Balsan, ex-officier reconvertit dans l’élevage de chevaux et le monde des courses… Il l’intronise au cœur de la haute société huppée.

Quand Gabrielle devient Coco, l’icône de la mode à contre-courant

© Boris Lipnitzki / Roger-Viollet

Coco n’arrive cependant pas à oublier la seule chose qu’on lui ait appris : la couture. Elle commence à se demander si ce n’est pas le chemin à emprunter pour atteindre ses rêves de liberté, d’indépendance et de gloire. Elle devient d’abord modiste et crée pour ses clientes des modèles inspirés de ceux qu’elle porte. Des créations avant-gardistes, simples et chics. Le succès commence ainsi. Ses créations de chapeaux loin des extravagants, voire ridicules, chapeaux à plumes furent appréciées pour leur simplicité et leur sophistication, on pouvait les voir portés aux courses de chevaux. Elle ouvre sa première boutique de chapeaux en 1909 à Deauville, puis à Biarritz et Paris sous le nom de « CHANEL MODES ». Sa tante, Adrienne, lui sert de mannequin et sa sœur Antoinette la seconde. C’est alors la naissance d’un nouveau style, on la surnomme « La reine du genre pauvre ». C’est la pénurie de tissus, pendant la première guerre mondiale ? Elle utilise le jersey des dessous de ces messieurs pour en faire des robes fluides et agréables pour ces dames, une silhouette « neuve » pour les femmes qui tentent de ressembler à cette femme mince et aux cheveux courts définitivement tendance. Fini le temps des femmes entravées, corsetées. A ses mannequins, coiffés à la garçonne, comme elle, elle fait porter des pantalons, et raccourcit considérablement leurs jupes. Très vite, elle se retrouve à la tête d’une équipe de centaines d’employées, et de cinq immeubles.

Après la guerre, elle commence à édifier peu à peu l’une des maisons de couture les plus importantes de l’époque et peut enfin rembourser Boy Capel, son petit ami, refusant d’être considérée comme une femme entretenue, trop humiliant à son goût. Elle aimera Boy jusqu’à la mort de celui-ci en décembre 1919. Une mort tragique qui l’affaiblie sur le coup mais qui l’aide à se reprendre en main lorsque pour oublier sa douleur elle se met à travailler comme une forcenée afin de développer sa maison de couture et par la même occasion son succès et sa réputation.

Les débuts prometteurs de l’empire Chanel

Dès 1921 , Coco impose sa marque sur la luxueuse Place Vendôme, où l’on peut toujours y admirer sa présence, rue de Cambron. Elle développa une véritable entreprise en s’associant avec des fabricants de tissus ou encore des promoteurs de parfums. Du côté de sa vie privée, Coco collectionne les amants et leurs empreintes des accessoires comme le chandail, la pelisse, le béret de marin ou la veste en tweed. Elle les adapte ensuite à la panoplie vestimentaire de la femme qu’elle souhaite moderne et dynamique, sachant allier le confort à l’élégance. Elle est également l’une des premières à mettre l’accent sur les accessoires en tout genre. Parmi ses créations phare, le cultissime parfum N°5, en 1921, dont Marilyn Monroe avait dit qu’elle le portait pour dormir. Le double C qui est apparu sur son flacon est resté le symbole de la maison. Egalement à son actif, le tailleur en tweed qui portera son nom en 1954, et restera un grand classique.

Femme de tête et dans son temps, elle devient une femme du monde, amie de Jean Cocteau, Dali, Picasso, Stravinski, proche des artistes, elle créée très souvent des costumes de scène. En 1939, elle était alors à la tête d’une entreprise de 4 000 ouvrières qui fournissaient 28 000 commandes par an. Son empire échappe au krach de 1929.

À l’annonce de la déclaration de la Seconde Guerre mondiale, elle décide subitement de fermer sa maison de couture et de licencier l’intégralité de son personnel, se consacrant uniquement à son activité dans la parfumerie. Coco Chanel s’installa en Suisse en 1944 et y séjournera pendant 10 ans afin de se faire soigner dans une clinique. Pendant ce temps à Paris le « newlook » de Christian Dior fait son apparition avec succès, résolument contradictoire avec ce que prône Coco Chanel depuis des années, avec le retour du corset et de la guêpière. Cela l’affectera profondément, le style Chanel serait-il oublié ? Aurait-elle travaillée pour rien à la libération du corps féminin ? Comme à son habitude, elle ne se laisse pas abattre et rebondit en restant fidèle au style Chanel.

Les dernières années de Coco, entre gloire et solitude éternelle

Alors âgée de 71 ans, en 1954 elle accepte de rouvrir sa maison et de relancer la vente des parfums. Elle renoue ainsi avec ses premiers amours, la création de vêtements avant-gardistes, modernes et androgynes. Avec Le tailleur de tweed, crée à partir d’un modèle militaire, elle renoue avec le succès, ce tailleur porte son nom et devient le classique Coco Chanel. Elle relance ainsi la maison Chanel jusqu’à en faire l’empire qu’on sait, sur lequel règne aujourd’hui Karl Lagerfeld, qui commente : « Ma Coco préférée, c’est celle des débuts : la rebelle, la capricieuse. C’est à elle que je pense quand je crée mes collections. » .

Coco se bat ensuite contre la culture de la mini-jupe (les genoux sont trop laids pour être montrés !), et la mode « hippie », une mode qui sera ressentie comme un choc pour Coco Chanel, loin de l’élégance chic et sobre qu’elle prône depuis tant d’années. Coco finira sa vie comme elle l’a commencée, seule. Comme beaucoup d’hommes et de femmes célèbres, glorifiés pour leurs succès, elle gardera en elle des blessures intimes à tout jamais (son enfance, son abandon, des échecs amoureux…) qui feront d’elle cet être exceptionnellement fort et différent. Une femme forte, une « femme de fer » qui ne montrera jamais rien de ses peines et de ses échecs, trop occupée à les oublier en s’acharnant au travail. C’est alors que le 10 janvier 1971, à l’âge de 87 ans, elle meurt dans sa suite de l’Hôtel Ritz à Paris, laissant tout un monde en deuil, mais surtout un héritage hors du commun qui fait qu’en réalité l’esprit de Coco Chanel n’a jamais disparut.

Coco Chanel a marqué a tout jamais l’univers de la mode par sa volonté de changer les choses et de « libérer » la femme. Coco a réussit son pari, partie de rien, elle a crée un empire qui aujourd’hui encore dure. Coco Chanel disait « Dans la mode, on sait qu’on a réussi quand on dérange un peu les gens. ”, on peut dire qu’elle a plus que réussie.

Témoignage de Coco qui parle de la mode :

Pour en savoir plus :

Henry Gidel (textes), Coco Chanel. – Paris : J’ai lu, 2000

« Elle a tout inventé : les tailleurs gansés, les accessoires qui deviennent bijoux, les tenues liberté pour des femmes irrévérencieuses, des parfums très parisiens qui ont conquis le monde, et surtout une mode, un style : le sien. Mais, un soir de 1971, l’une des indomptables du siècle tire sa révérence. Coco Chanel s’éteint seule dans sa chambre du Ritz. Ce monstre sacré, tellement inscrit dans son époque qu’on a parlé des  » années Chanel « , a connu une existence tourmentée…Un personnage hors du commun dont les revers passionnent autant que les succès, dont le nom est devenu tout un symbole. Riche de la consultation de sources inédites et d’entretiens avec d’importants témoins ayant connu Coco Chanel, Henry Gidel écrit, dans cette Grande Biographie, le roman vrai d’une femme qui a parcouru avec éclat les trois quarts du XXe siècle. »

Edmonde Charles-Roux, Le temps Chanel, Éditions du Chêne, 1979

« Elle s’appelait Gabrielle et elle allait révolutionner l’allure des femmes. On la surnomma Coco puis Mademoiselle Chanel, consacrant ainsi une icône de la mode au XXe siècle. Edmonde Charles-Roux, romancière, présidente de l’Académie Goncourt, est partie à la recherche de cette femme singulière, séductrice, artisane, femme d’affaires et visionnaire. Elle retrace ses débuts de modiste, son ascension vertigineuse, nous dépeint ses proches, ses amies, ses amants, nous révèle ses sujets d’inspiration, nous montre toute son audace créatrice. Elle recrée aussi toute une époque en évoquant la condition des femmes, les mœurs et les modes, et s’attache aux grandes figures de la vie artistique et littéraire. »

Brigitte Labbé et Michel Puech (textes), Jean-Pierre Joblin (illustrations), Coco Chanel. – Toulouse : Milan jeunesse, coll. « De vie en vie » no 17, 2005

« Commentaire : Bien construit, ce nouveau titre de la série « De vie en vie » nous emmène à la découverte d’une grande couturière et de son époque. Orpheline, intelligente, dotée d’une volonté de fer, Coco Chanel réussit à mener une brillante carrière à la force du poignet, mettant à profit toutes les opportunités qui se présentaient à elle. Un ouvrage facile d’accès et constructif, à recommander tout particulièrement aux jeunes anxieux face à leur avenir professionnel.
Que peut-on espérer quand on est orpheline, couturière dans une petite ville française ? Certainement pas de révolutionner la mode dans le monde entier. Gabrielle Chasnel a toujours détesté ce surnom, Coco, datant d’une époque qu’elle voulait oublier à tout prix… »

Bientôt « Coco avant Chanel»

Incarnée par Audrey Toutou et réalisé par Anne Fontaine, Coco avant Chanel est très attendu, sortie prévue le 22 avril. Vous pourrez ainsi découvrir la complexité de cette femme hors du commun.

« Une petite fille du centre de la France, placée dans un orphelinat Une chanteuse de beuglant à la voix trop faible, qui affronte un public de soldats éméchés. Une petite couturière destinée à refaire des ourlets dans l’arrière-boutique d’un tailleur de province. Une apprentie-courtisane au corps trop maigre, qui trouve refuge chez son protecteur Etienne Balsan. Une amoureuse qui sait qu’elle ne sera  » la femme de personne « , pas même celle de Boy Capel, l’homme qui pourtant l’aimait aussi. Une rebelle que les conventions de l’époque empêchent de respirer, et qui s’habille avec les chemises de ses amants. C’est l’histoire de Coco Chanel, qui incarna la femme moderne avant de l’inventer. »

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1 Comment

  • Reply
    Linda
    9 mars 2012 at 15:06

    Bonjour,

    j’aimerai savoir exactement quelles étaient les valeurs défendues par Coco Chanel et par quels actes le prouvent.

    Merci

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