Cinéma

Vol au dessus d’un nid de coucou

Milos Forman, de son vrai nom Jan Tomas Forman, est né le 18 février 1932. C’est un réalisateur, professeur de cinéma, scénariste et réalisateur américain d’origine tchécoslovaque. Après la déportation de ses parents à Auschwitz, Milos Forman est orphelin et sera élevé avec ses frères dans sa famille. Enfant, il est passionné pour les comédies de Charlie Chaplin et Buster Keaton et les westerns de John Ford. Après des études à l’université, il entre à l’école du cinéma de Prague et réalise plusieurs courts métrages et se lance dans la mise en scène de comédies.

« L’as de pique » en 1963 est son premier long métrage, récit autobiographique d’un adolescent dans une petite ville tchèque. D’autres œuvres suivront dont « les amours d’une blonde », comédie dramatique et « Au feu, les pompiers ! » comédie qui raconte la tumultueuse organisation du bal des pompiers, sorte de farce incendiaire contre le dirigisme politique. Lors de la répression du printemps de Prague il émigre à Paris pour négocier les termes du contrat de son premier film américain. Puis, Il s’établit à New York ou il devient professeur de cinéma à l’université de Colombia. En 1971, « Tucking off » est un portrait acide sur la moyenne bourgeoisie américaine, puis en 1975 changement radical de registre avec « vol au dessus d’un nid de coucou » pour lequel il obtient l’oscar du meilleur réalisateur.

En 1977, il sera naturalisé américain. Puis en 1979, il signe la comédie musicale « Hair » et réalise en 1981 une vaste fresque sur l’Amérique du tout début du XXème siècle « Ragtime », drame psychologique. En 1984, il tourne un flamboyant portrait de Mozart avec « Amadeus » qui lui vaudra l’oscar du meilleur réalisateur pour la seconde fois. En 1986, il joue un rôle clef dans le film « La Brûlure » de Mike Nichols. En 1989, le film « Valmont » issu des « Liaisons dangereuses » ne rencontrera pas le succès escompté, mais en 1996, il obtient l’ours d’or à Berlin pour le portrait du magnat américain de la presse pornographique « Larry Flint », puis l’ours d’argent berlinois en 1999 pour la mise en scène de « Man on the moon » inspiré de la vie du comique Andy Kaufman. En 2007, il tourne « les fantômes de Goya » sur la fin de l’inquisition espagnole au 18ème siècle.

Milos Forman, -dont les thèmes chers et qui font sa marque tels que les conflits de génération, le passage à l’âge adulte, un mélange d’humour et de mélancolie, satyre sociale…- est un réalisateur hors pair dont la particularité est de ne jamais faire les mêmes choses, propose ainsi un cinéma à chaque fois différent mais intéressant. Néanmoins, le point commun de Milos Forman dans tous ses films est de dresser des portraits rebelles ou d’individus en conflit avec l’ordre établi. Il préfère les histoires individuelles de personnages face à l’histoire, et pour lui, « l’essentiel est d’inciter à découvrir ».

Le film

Le film, sorti en 1975, est inspiré du livre « One Flew Over the Cuckoo’s Nest », roman de Ken Kesey paru en 1962, et plus connu en France sous le titre « La machine à Brouillard ». En 1975, Milos Forman sort « Vol au-dessus d’un nid de coucou » qui remportera pas moins de cinq oscars l’année suivante : meilleur film, meilleur producteur, meilleur réalisateur, meilleur acteur, meilleur actrice, meilleur scénario. Ce drame sur les milieux psychiatriques vaudra ainsi à son réalisateur une consécration internationale.

Randle P. Mc Murphy (Jack Nicholson), prisonnier connu pour son insubordination, est transféré dans un établissement psychiatrique où une discipline de fer est menée par l’infirmière en chef Miss Mildred Ratched (Louise Fletcher). Randle y découvre un étrange univers carcéral ainsi que ses méthodes de thérapie. Tous les malades sont soumis, tous sauf, un vieil indien autiste (Will Sampson).

Touché par la détresse et la solitude des patients, Randle décide de révolutionner ce petit monde en traitant ses camarades non pas comme des malades mais comme des êtres humains et en voulant leur redonner un semblant d’espoir et de reconnaissance sociale. C’est avec l’aide du chef indien qu’il va bouleverser toutes les règles au risque de compromettre la sécurité de la communauté. C’est un duel à mort qui s’engage entre l’infirmière et Randle. Il paiera de son équilibre mental, et finalement de sa vie, ce mouvement de révolte.

« Vol au-dessus d’un nid de coucou » est un film bouleversant, un chef d’œuvre contre l’oppression. Si le film oscille entre drame et humour, noirceur et optimisme, il n’en reste pas moins que ce dernier dénonce de manière habile les absurdités et les dangers du milieu psychiatrique. Ainsi « vol au-dessus d’un nid de coucou » s’apparente à un véritable documentaire basé sur les relations humaines de toutes sortes et sur l’accueil de notre société face à ce qui n’est pas « ordinaire ».

Le film a été tourné dans l’hôpital psychiatrique de Salem (Oregon) où de vrais patients apparaissent dans de nombreuses scènes contribuant ainsi au réalisme et à la justesse de ton.

Les acteurs sont tous fabuleux : Jack Nicholson dont ce sera l’un des rôles les plus aboutis et les plus chargés émotionnellement, mais également tous les acteurs tels que Danny de Vito, Louise Fletcher, Brad Dourif , Christopher Lloyd ou encore Will Sampson qui tous composent un personnage dérangé, touchant et avec chacun une forte personnalité. Chaque personnage donne un supplément d’âme et d’émotion dans cet environnement oppressif

D’une tendresse infinie, mais dont le discours parvient à déranger et dont l’ensemble s’avère émouvant, ce film remet en cause les excès de l’univers carcéral où des malades mentaux soumis au régime d’une psychiatrie inhumaine, font les frais de traitements de choc qui aboutissent à une totale dépersonnalisation.

Chef d’œuvre à voir ou revoir, absolument !

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