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La Grande Sophie

Voilà plus de dix ans que la Grande Sophie promène sa guitare et sa grosse caisse partout en France. Avec ses quatre albums et de nombreux concerts, elle est devenue une figure emblématique de la scène française, qu’on ne saurait exactement situer. Peut-être quelque part entre le rock et la nouvelle scène, mais il serait bien vain de lui coller une étiquette. La Grande Sophie a son propre univers, et c’est celui-ci que Save My brain vous propose de découvrir ce mois-ci !

I) Les débuts :

Comment es-tu arrivée à la musique ?

J’ai commencé la guitare à 9 ans et à 12 ans j’ai écrit ma 1ère chanson. Mon frère, lui jouait de la batterie. A 13 ans, nous avons monté notre 1er groupe avec un voisin. On répétait tous les week-end dans le garage des reprises et des compos.

De quel(s) instrument(s) joues-tu ?

Je joue de la guitare et de la grosse caisse. Je fais un peu de basse pour mes maquettes et quelques notes de piano.

Quels sont les artistes/groupes qui t’ont influencée ?

Les Pretenders, Suzanne Vega, Prince, the Beach Boys, Beatles, Madness… La BO de Peau d’âne… pleins pleins de choses.

Tu as été aux Beaux-Arts, pour faire de la sculpture. Qu’est-ce qui t’avait poussée vers ce domaine artistique ? Tu as complètement arrêté depuis ?

Quand j’y pense aujourd’hui, je crois que j’ai abordé inconsciemment les Beaux-Arts comme une transition. Une façon de me rassurer en continuant mes études le temps de prendre confiance en moi. La musique avait déjà une place importante dans ma vie mais je n’arrivais pas encore à me dire que j’en ferais mon activité principale. J’ai choisi la sculpture comme matière principale ainsi je pouvais créer des installations dans lesquelles j’y intégrais de la musique. Je réalisais des formes avec des matières différentes et y incluais des hauts parleurs pour diffuser de la musique. Et de fil en aiguille je me suis rendue compte que c’était la musique qui m’intéressait vraiment et que la sculpture pourrait occuper mes vieux jours !!!

Un grand tournant dans ta carrière est la rencontre avec « Life, live in the bar ». Peux-tu expliquer rapidement de quoi il s’agit et quels souvenirs tu gardes des premiers concerts avec cette association ?

J’ai rencontré Life Live dés mon arrivée à Paris. Au départ Life était une association qui avait pour but de faire exister la musique vivante dans des petits lieux comme des cafés ou des endroits plus underground comme des squats. Life avait créé un réseau de lieux qui nous offraient la possibilité de jouer régulièrement et de commencer à faire tourner notre nom… sur Paris. Faire que la musique soit vivante et accessible pour tous était, je crois, la devise de Life Live. J’en garde plein de très bons souvenirs : des concerts au Palace pour la sortie de mon premier album à des lieux complètement pittoresques et effervescents, absolument pas dédiés à la musique et remplis de gens qui en cessent de t’interpeller. De quoi se forger une expérience ! j’y ai beaucoup appris, beaucoup ri, et c’est vraiment comme ça que j’ai rencontré mon 1er public. J’étais seule avec ma grosse caisse qui à l’époque n’était qu’un fly en carton de grosse caisse.

En 1997, tu as sorti ton premier album « la Grande Sophie s’agrandit ». C’était un besoin, une suite logique ou juste une occasion de faire un cd ?

Un peu de tout ça. Un besoin et une réponse d’une demande de ce premier public qui venait me voir pour me demander si l’album était en vente et où. J’étais super touchée. Et je me suis mise à y penser. A écrire d’autres chansons. Je voulais que cet album soit riche de nombreux titres. Avec le recul, je me dis qu’il est – certes – un peu désordonné et il contient beaucoup trop de chansons mais c’était un vrai cri du cœur. Comme j’entendais des arrangements sur mes chansons, j’ai sollicité des musiciens, je me suis « agrandie » . Enregistrement éclair et ultra roots mais plein d’une belle énergie.
II) Le Porte-bonheur (2001)

« la Grande Sophie s’agrandit » n’étant plus commercialisé, on considère facilement « le Porte-Bonheur » comme ton premier album. C’est d’ailleurs sur celui-ci qu’on trouve ton premier succès, « Martin ». Comment tu as vécu cette reconnaissance à l’époque ?

« Martin » a été ma 1ère chanson diffusée en radio. Je sortais d’un album autoproduit soutenu par le réseau alternatif (nova, etc..) et arrivais avec le « Porte Bonheur » en maison de disques. Avec life live nous avons crée une passerelle entre indé et major. Ce premier titre radio m’a offert la possibilité d’avoir des plus longues, des premières parties importantes, des festivals et surtout la curiosité d’un nouveau public.

Sur l’album, on retrouve une reprise de Nancy Sinatra, « These Boots Are Made For Walking ». Tu fais également des reprises sur scène, comme « My Hearts Belongs To Daddy » de Marilyn Monroe. Tu as même adapté « Echo Beach » de Martha and the Muffins sur ton dernier album, avec la chanson « Egoiste ». C’est important pour toi de reprendre les morceaux d’autres artistes ? Quelles sont ceux que tu préfères jouer ?

J’ai toujours aimé triturer les chansons des autres et jouer des reprises. Le goût de la musique me vient des autres, de ceux que j’ai écoutés alors j’ai envie de prolonger ça . Ce qui me plaît au travers de ces reprises, c’est faire traverser à une chanson les époques et les modes. Me l’approprier, la faire voyager. J’ai beaucoup repris Prince et récemment je me suis surprise à reprendre Barbara alors qu’il y a quelques années je n’aurais jamais osé le faire

Avec cet album, tu affiches un certain caractère sur certaines chansons, comme « La Vie, Le Temps, L’Amour » ou « Comme tu respires ». Mais c’est avec « Bye Bye » que tu vas le plus loin, avec le portrait d’une femme qui avoue sans honte ses mauvais côtés. Au delà de ces chansons, comment considères-tu ta personnalité ?

Je suis une pessimiste optimiste et non l’inverse. J’ai toujours de l’espoir et envie de le transmettre.
III) Et Si C’était Moi (2003)

Plus posé, plus personnel, « Et Si C’était Moi » reflète les questions existentielles de beaucoup de femmes qui passent le cap de la trentaine. On peut citer « Le Passage Obligé », « Ma Première Ride », ou « Même Pas ». Où as-tu puisé ton inspiration ? Dans ce qui t’entoure ou dans ta propre vie ?

Je suis imprégnée de mon histoire et de celle de ceux qui m’entourent. L’une enrichit l’autre et je suis forcément connectée, inspirée par ce que je vis et ce que je vois ou j’entends. C’est ma matière première : sur « le passage obligé » j’ai repris des bribes de phrases que j’ai entendues. Je pars d’une réalité qui me touche puis divague, imagine et transforme. J’ai toujours du mal à citer les titres qui me sont plus personnels, ceux qui sont clairement le prolongement de mes angoisses, de mes peurs ou de mes envies. « je ne confierai pas ma peine, j’ai mes deux yeux pour pleurer » dis-je dans une de mes chansons ! Il y a toujours de moi, plus ou moins. Mais qu’est ce que ça change de savoir si ces tranches de vies me sont complètement propres. Ce qui compte c’est que je ressente ces émotions et que celui qui entend mes chansons les partage.

L’enfance tient aussi une bonne place dans cet opus. « On Savait (Devenir Grand) », « Le Roi Des Tourbillons ». C’est une période de ton existence dont tu es nostalgique, ou c’est un thème comme un autre ?

Je ne suis pas une nostalgique. Je me suis rendue compte un jour que c’était un thème récurrent dans mes chansons. Comme celui du temps qui passe.

« Du Courage », premier single tiré du CD est une véritable invitation à aller de l’avant, à oser. C’est une notion qui te tient à coeur ?

Je trouve que c’est triste de stagner, de piétiner entre le passé et le présent . Je suis plutôt quelqu’un de l’instant et du lendemain. Oser, aller de l’avant laisse présager plein de nouvelles surprise… bien que cela puisse être risqué !
IV) La suite (2005)

Dernier album en date, reédité avec deux inédits et des bonus, « La Suite » semble un retour aux sources. Plus rock, dynamique, il se finit d’ailleurs sur une ode au rock’n’roll et propose des thèmes plus variés. Comment s’est passée l’écriture de ces chansons ?

J’ai beaucoup écrit pendant la tournée. Et régulièrement j’insérais de nouvelles chansons dans le set. J’avais envie de l’énergie de la scène sur cet album et de sons sixties avec des guitares et encore des guitares. « J’aime le rock’n roll » était élan du coeur au moment de conclure l’album

Dans la chanson « Les Nouveaux Héros », tu fais la liste de ceux avec lesquels tu as grandi. Quel est celui (ou ceux) que tu admires le plus, et pourquoi ?

Personnages fictifs et personnes réelles se côtoient, des héros extra-ordinaires, des hommes ordinaires dont les destins sont extra-ordinaires. Ces êtres qui remplissent notre imaginaire et notre réalité. Certains ont des pouvoirs magiques, surnaturels, d’autres le pouvoir d écouter, de savoir transmettre et de s’imposer par la seule force de la parole. Les uns comme les autres me séduisent et me rassurent je crois . Encore une fois, on va et vient du monde réel ou monde imaginaire.

Sur la nouvelle édition, il y a des maquettes, trois pour être précis. Pourquoi proposer ces versions-là des morceaux ?

J’ai toujours partagé les étapes de mes chansons avec mon public. Je trouve ça intéressant l’évolution d’un titre guitare voix, d’une maquette à sa version définitive. Il y a le premier jet et puis tout le reste, les arrangements, le choix des sons… A l’époque du porte bonheur, j’avais déjà proposé des maquettes sur un maxi cd.
V) Toute seule comme une grande

Tu viens de finir une tournée où tu as décidé de te remettre dans les conditions de tes débuts : toute seule sur scène avec ta guitare, ta pédale et ta grosse caisse. Qu’est-ce qui t’a motivée à aller vers une telle démarche ?

Je savais que j’allais y revenir un jour mais je ne savais pas quand. Quand je me suis plongée dans l’écriture de mon nouvel album j’ai senti que c’était le moment. Je n’avais pas envie de cette routine qui consiste à enchainer un album puis tournée. Finalement c’est pas très réfléchi, plutôt instinctif. Je me suis laissée envahir par cette envie et ça m’a semblé essentiel de repartir seule là maintenant avant d’enregistrer le 5 ème album.

Tu en as profité pour jouer certains titres qui apparaîtront sur un futur album. D’habitude, c’est plutôt l’inverse qui se produit, d’abord le CD puis les concerts. Pourquoi ?

J’avais écrit pas mal de nouveaux morceaux. Une énorme impatience s’empare toujours de moi quand je termine d’écrire un titre, j’ai du mal à attendre, là c’était une belle occasion. Ca fait partie des côtés spontanés qu’offre la musique : on écrit une nouvelle chanson, tu la joues avec ta guitare, ton piano et puis finalement en la jouant, la rejouant, elle mûrit.

Tu revisites également tes propres chansons, issues des précédents albums. Qu’est-ce qui t’intéresse dans le fait de leur donner une nouvelle vie avec une autre version ?

Sur une chanson il peut y avoir une infinité d’arrangements différents, de couleurs. Mes envies changent en fonction des moments. Ces nouvelles versions amènent une autre approche, je joue sur une corde plus sensible qui m’appartient aussi et finalement ce travail de recherche m’a été très utile pour épurer mes chansons, aller vers des lignes sobres et principales.

Quelles ont été les meilleurs moments de cette tournée ?

C’est difficile de synthétiser ou de sortir un moment plutôt qu’un autre. Chaque concert est différent du suivant, unique. C’est un lieu commun mais c’est tellement vrai.. Le public est différent, la salle, mon humeur, mon energie. aussi. L’ éphémère d’un concert me plait. C’est le moment qui compte ; celui que l’on vit ni celui d’avant, celui d’après. Et c’est entre autre pour cela que j’aime la scène, car pendant 2 heures l’essentiel est dans le moment qu’on vit, qu’on partage. On s’abandonne. Retrouver les gens, les entendre et voir leurs yeux briller restent de beaux moments.

Tu tiens un blog pour raconter ces concerts. C’est une façon d’être encore plus proche de ton public ? Que penses-tu de cette expérience ‘blogosphérique’ ?

A vrai dire je n’ai jamais aimé les blogs, je trouve d’ailleurs le mot super moche… Mais j’ai pas trouvé mieux, ça fait parti des codes, on comprend tout de suite ce que c’est.

Ce qui a déclenché la tenue de ce blog, c’est ma rencontre – furtive mais bien réelle – avec une petite fille à Magny le Hongre le jour de la première de la tournée solo. Elle m’a offert 2 cahiers, un pour continuer à écrire des chansons et l’autre pour mettre tout ce qui passerait à travers ma tête. J’ai suivi ses recommandations. Puisque ceux qui participent à mon forum donnent leurs impressions, je vais donner les miennes de mon côté. Et là, je me suis laissée prendre au piège ! ! Combien de temps cela va durer, je ne sais pas !
Avec Save My Brain, nous mettons en avant des CD, des livres ou encore des films que nous aimons parce qu’ils présentent une réelle originalité ou un univers qui nous a touchés (en excluant toute notion de succès ou actualité). Peux-tu nous proposer quelques uns de tes coups de coeur en musique, littérature et cinéma ?

Musique : En ce moment, j’aime bien « Vampire week-end » un groupe de new-yorkais qui utilise des rythmes tribaux en chantant des mélodies hyper pop. Je reécoute « season IV » de Johnny cash.

Littérature : véritable coup de cœur pour Stefan Sweig que je découvre avec « La peur ».

Cinéma : « Bienvenue à Gattaca ». De plus en plus, je me dis que la réalité rattrape la fiction.

Site officiel : http://lagrandesophie.artistes.universalmusic.fr/

Myspace : http://www.myspace.com/lagrandesophiemusic

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