Femme de légende

Aliénor d’Aquitaine

Eléonore de Guyenne, plus connue sous le nom d’Aliénor d’Aquitaine, est née au XIe siècle, mariée à 15 ans, mère de dix enfants, emprisonnée pendant quinze ans par son second mari et, malgré tout cela, Aliénor est avant tout une femme moderne, une femme de caractère et de pouvoir qui à l’heure actuelle fascine toujours autant par son avant-gardisme, sa forte personnalité et son charisme atemporel.

Aliénor est née vers 1122 à Châtellerault et devient comtesse de Poitiers et Duchesse d’Aquitaine à la mort de son père qui lui laisse un puissant et vaste territoire, elle a alors 15 ans. A ce titre, elle est l’intermédiaire entre les royaumes de France et d’Angleterre et possède une place stratégique dans le monde occidental du XIIe siècle, ce qui faisait d’Aliénor un « très bon parti ».

Aliénor a été décrite comme une jeune femme d’une grande beauté, intelligente, cultivée, joyeuse, fougueuse, passionnée mais elle fut surtout décrite comme une femme de caractère et de poigne évoluant dans un monde d’hommes dans lequel elle voulait et tentait de s’affirmer avec brio.

La mort de son père précipite son mariage à l’âge de 15 ans avec le futur roi de France Louis VII le Jeune, elle devient reine de France en 1137. Les deux époux contrastent, lui affable et ennuyeux et elle toujours gaie et joyeuse. Durant cette période son rôle politique reste restreint et se limite à l’administration de son duché d’Aquitaine, bien qu’elle aide parfois son mari pour l’administration du royaume et l’orientation de sa politique.

Mariage d´Aliénor et de Louis VII, Enuminure des grandes Chroniques de France, Chantilly, Musée de Condé.jpg

Son rôle fut surtout culturel. Femme artiste et cultivée, elle créa plusieurs petites universités également appelées « cours d´amour », on y étudiait la poésie, la littérature et la musique . Elle s’entoura également d’une cours de poète, troubadour et autres artistes brillants dont elle faisait la renommée grâce à son influence, elle était mécène avant l’heure. Elle fut également à l’origine de l’introduction de l’amour courtois dans les relations homme/femme.

Malgré cela, les questions politiques ne la laissaient pas indifférente, c’est ainsi qu’elle décida de partir avec le roi à Antioche en 1147 pour la seconde croisade. Là-bas elle vit toutes les beautés de l’orient mais également les horreurs de la guerre et sera même victime d’un enlèvement de la part de pirates. Durant cette période les relations avec son mari, qu’elle décrivit comme « un moine » se dégradèrent, jusqu´à l’annonce par le Pape de leur divorce en 1152 . Elle fut donc reine de France de 1137 à 1152 et eut deux filles.

C’est ainsi que débute la seconde vie d’Aliénor en tant que reine d’Angleterre car en 1154, elle épouse Henri II Plantagenêt de dix ans son cadet (il avait 19 ans). C’est à ce moment que peuvent s’exprimer pleinement son ambition, son goût pour la politique et sa soif de pouvoir, ce qui n’est pas facile à réaliser pour une femme du XIe siècle, car n’oublions pas qu’à cette époque le culte du chevalier prédomine. Elle assiste son époux dans l’administration des terres et continue à régner sur son duché d´une main ferme. Cependant, la reine s’ennuie loin de sa terre natale, dans un Londres qu’elle juge triste. Aliénor part donc sur sa terre de Poitiers et emmène avec elle quatre des huit enfants qu’elle a eus avec son second époux : ses fils Richard (futur Richard coeur de Lion), Jean (futur Jean sans terre), Geoffroy et Henri. Une fois chez elle, elle s’entoure d’une cour de poètes et d’autres brillants artistes à nouveau. Elle finit par pousser ses fils à se révolter contre leur père. Mais ils seront matés par ce dernier, qui interceptera sa femme en fuite sous un déguisement de page. La jugeant dangereuse et pour éviter toute ingérence politique ou prise de pouvoir de sa part et de celle de ses fils, il l’enfermera dans une résidence en Angleterre, sous la surveillance de ses hommes, pendant près de quinze ans. Lorsque Henri mourut, Richard la fit enfin sortir de prison et lui laissa la régence du royaume avant de partir pour la troisième croisade, elle put ainsi exprimer pleinement ses qualités de dirigeantes de 1189 à 1194 . Par la suite, Aliénor parcouru toute l’Europe afin de s’assurer des bonnes relations diplomatiques notamment par le biais de divers mariages. Ainsi, elle partit à l’âge de 80 ans en Espagne négocier le mariage du futur Louis VIII avec Blanche de Castille, sa petite fille. A son retour, elle décida de rentrer au couvent.

Après cette vie bien remplie, Aliénor se retira donc à l’abbaye de Fontevrault et rendit l’âme vers 1204 à 82 ans (rare pour l´époque). Toute sa vie, elle fut une femme libre et indépendante, qui rechercha le pouvoir au même titre qu´un homme. Son attitude et son deuxième mariage avec un roi d´Angleterre, mal vu par les Français, la font souvent voir comme une femme diabolique et débauchée. En réalité, elle chercha uniquement à s’affirmer et à vivre comme elle pensait pouvoir le faire, alors qu’on avait toujours tenté de profiter d’elle comme d’un objet, ainsi qu’il en était de l’écrasante majorité des femmes à l´époque. Ce qui fascine depuis toujours chez elle, c’est sa position singulière d’épouse, de mère, et de femme de pouvoir. A y regarder de plus près, on s’aperçoit que l’extraordinaire n’est pas tant l’action d’Aliénor en soi, mais l’action d’Aliénor dans le contexte spécifique de cette société médiévale régie par les hommes, et où la femme n’était sensée avoir qu’un rôle de second plan. Ce ne fut pas le cas d’Aliénor, reine et femme insoumise jusqu´au bout.

Le gisant d’Aliénor (avec Henri II au premier plan), à Fontevraud

Bibliographie

Récits historiques :

BOUCHON, G., « Aliénor d’Aquitaine », Paris, Fayard, 2005.

DUBY, G., « Enquête sur les dames du XIIe siècle », Paris, 1995 (p.13-38 pour Aliénor).

FLORI, J., « Aliénor d’Aquitaine, La reine insoumise », Paris, Payot, 2004 (coup de cœur) :

« Deux fois reine – de France avec Louis VII, puis d’Angleterre avec Henri II -, mère de trois rois, Aliénor d’Aquitaine (1124-1204) a régné presque sept décennies, au cours desquelles elle a sillonné inlassablement l’Europe pour tenter de préserver l’unité et la paix de son domaine, avant de finir ses jours, octogénaire, à l’abbaye de Fontevraud. Un destin exceptionnel pour une femme hors du commun qui bouleversa en son temps la tradition masculine de l’exercice et de la transmission du pouvoir, du choix de l’aimé, et du patronage artistique et littéraire.

De son vivant objet d’une « légende noire » qui voit en elle une séductrice impénitente, héritière de cette culture occitane volontiers libertine illustrée par son aïeul Guillaume IX, elle contrevient assurément au modèle féminin admis. Peut-on cependant lui imputer les multiples liaisons coupables que lui prêtent les chroniqueurs ? A-t-elle vraiment été à l’origine de ce qu’on nomme, peut-être à tort,  » l’amour courtois  » ? En a-t-elle été l’inspiratrice ou le modèle ?

S’interrogeant sur la réalité de sa protection à l’égard des troubadours et des romanciers, Jean Flori bouscule quelques idées reçues, souligne les liens de Chrétien de Troyes avec la cour Plantagenêt, et recherche la trace d’Aliénor dans le formidable essor des romans chevaleresques arthuriens. Un livre-somme, aussi pénétrant et riche d’hypothèses nouvelles que son précédent Richard Cœur de Lion, paru dans cette même collection. »

Source : http://www.payot-rivages.fr/asp/fiche.asp?Id=4654

Romans :

CALMEL, M., « Le lit d’Aliénor » Tome I, II, III, Paris, XO Editions, 2002 .(coup de cœur) :

« Aliénor d’Aquitaine. Une belle jeune fille au caractère fougueux, encore à marier. Sa dot : le duché d’Aquitaine, des terres débordant de richesses. D’ailleurs, en 1137, il fait bon vivre dans le château d’Aliénor à Bordeaux, luxueusement décoré et résonnant des chants des troubadours, alors que le Louvre de ce pauvre roi de France est sinistre, sale et silencieux.

Au côté d’Aliénor, depuis quelques jours, une charmante silhouette se profile, cellle de Loanna de Grimwald. Elle a quinze ans, le même âge qu’Aliénor, mais elle n’est pas tout à fait comme les autres, un peu fée, un peu sorcière… Envoyée par son ancêtre Merlin l’Enchanteur, héritère des secrets druidiques, Loanna a une mission : devenir la confidente d’Aliénor, son ombre, et faire en sorte qu’elle épouse un jour Henri, le futur roi d’Angleterre. »

Site officiel : http://www.mireillecalmel.com/

Filmographie :

Un film aux acteurs mythiques de 1968 : « The Lion Winter » avec Catherine Hepburn dans le rôle d’Aliénor, Peter O’Toole dans celui d’Henri II et Anthony Hopkins dans celui de Richard cœur de Lion. C’est une reprise d’une pièce de Broadway de James Goldman avec Rosemary Harris dans le rôle de la reine insoumise datant de 1966. Un remake de Andrei Konchalovsky en 2003 existe également avec Glenn Close dans le rôle d’Aliénor.

Synospsis : « Intrigues et meurtres autour de la succession d’Henry II, roi d’Angleterre au XIIè siècle, et qui réunit sa femme Eléonore d’Aquitaine, exilée, ses trois fils, leur prétendante qui est aussi sa maîtresse, et le frère de cette dernière, le roi de France Philippe II. »

Source : http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=30440.html

Site Internet complet :

http://www.alienor-aquitaine.org/

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3 Comments

  • Reply
    Akinaniki
    4 juin 2010 at 20:34

    Merci, pour les informations interessantes. Une chose m’a inquiete un peu: dans le guide vert sur Poitou-Charente j’ai trouve l’infomation que le mariage d’Alienor avec Henri Plantagenet s’est effectue 6 semaines apres le divorce, qui a eu lieu en 1152. Et que Henri duc de Normandie est devenu roi d’Angleterre en 1154. Tandis que votre note mentionne cette derniere date comme celle du remariage. Merci pour la verification eventuelle :)

  • Reply
    The Célinette
    23 janvier 2009 at 18:43

    Cette note est vraiment très intéressante. J’ai vraiment accroché :)
    Merci !

  • Reply
    Fées en ville
    16 décembre 2008 at 16:59

    Voilà un portrait magnifique d’une femme hors du commun!

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